NOVEMBRE 2012
Avec des tarifs jusqu’a -60% inférieurs, la vente en ligne bouscule le marché. Deux catégories coexistent, des opticiens 100% internet et ceux dont les sites proposent aussi des services en magasin.
Après avoir longtemps traîné les pieds, et sous la pression de Bruxelles, la France a admis en 2009 que la vente de lunette en ligne n’avait rien d’illégal. Depuis, les sites se multiplient. Les plus offensifs fonctionnent entièrement à distance. Sans réseau de magasins à entretenir (ou très peu) , ceux là se contentent de faibles marges, compensées par d’importants volumes de ventes. A la clé, des prix jusqu’à 60% inférieurs à ceux des magasins traditionnels, à prestation soi-disant équivalente.
Pour faciliter le choix entre plusieurs centaines de montures, ces différents sites proposent à l’internaute de télécharger sa photo pour les essayer virtuellement. Mieux encore il est possible de recevoir 3 à 5 montures à son domicile. Un service jamais facturé si le client finit par acheter l’une d’entre elles (même les frais de renvoi sont pris en charge). Pour assister le client, des opticiens sont aussi à leur disposition, par mail ou par téléphone. Et, avant de fournir de l’équipement, tous exigent une ordonnance d’un ophtalmologiste datant au moins de 3ans. «Chaque commande est vérifiée par l’un de nos opticiens. A la moindre anomalie, nous prenons contact avec le client », assure Emmanuel Gréau, cofondateur de Direct-optic.fr.
Les prises de mesures se sont aussi à distance.
Malgré ces services, les opticiens 100% Internet font l’objet de nombreuses critiques. Première d’entre elles, la délicate mesure de l’écart pupillaire, indispensable pour bien centrer les verres et permettre de diminuer la fatigue oculaire. Le plus simple est de demander à son ophtalmologiste de l’effectuer ou de consulter une ancienne facture sur laquelle ces données auraient été inscrites. Le cas échéant, les sites mesurent cet écart à partir d’une photo ou d’une webcam. « Notre logiciel de prises de mesures est au moins aussi fiable que les instruments utilisés dans la plupart des autres magasins », assure Marina Lovka, directrice optique de Sensee.com. « Et pour les presbytes, pour qui la prise de mesure verticale est très importante, nous demandons une photo, monture portée ». De son côté Yves Jacquot, fondateur de Confortvisuel.com, a comparé les résultats donnés par son logiciel, à ceux d’instruments classiques. Résultats : « aucune différence », assure-t-il. Les sites se refusent toutefois à équiper les personnes aux défauts visuels trop importants, pour lesquels une erreur dans la prise de mesure est plus dommageable. Sont concernés les myopes au-delà de 6 dioptries, les hypermétropes de +4 ou +6 dioptries, les astigmates au-delà de -2 dioptries de cylindre, ou les presbytes hors-norme (au-delà de +3.50 d’addition).
La seconde critique est liée à la supposée moindre qualité des verres fournis. Comme les enseignes ont leurs verres « maison », la plupart des sites ne proposent pas de verres de marque. Mais la plupart sont peu loquaces au sujet de leur fournisseur et invoquent des clauses de confidentialité. « Je peux juste affirmer que les verres que nous vendons sont portés par des centaines de milliers de personnes en France », assure Marc Adamowicz, patron d’Happyview.fr. De son côté Sensee.com assure que ses verres sont fabriqués par l’un des trois leaders mondiaux. Seul Direct-Optic.fr admet que ses verres unifocaux proviennent de fabricants sud-coréens, tandis que Confortvisuel.com dispose de sa propre usine de www.easy-verres.com>lunettes de vue par internet (art. 121-20-2 du code de la consommation), tous les sites présentés dans notre tableau proposent d’échanger ou de rembourser la paire achetée dans les 30 jours suivant l’achat, quelle qu’eb soit la raison, certains sites (Direct-Optic.fr…) prenant même en charge les frais de port.
Quelques sites proposent des services en magasin
A côté des opticiens fonctionnant essentiellement à distance, se sont développés des sites de vente hybrides, associant réservation ou vente en ligne et services en magasins. Ce modèle a été adopté par les enseignes Ktys et Optic 200, qui proposent sur le net des prix identiques à ceux pratiqués en magasin (Afflelou devrait prochainement les rejoindre), mais aussi par des acteurs internet meilleur marché, qui ont noué des partenariats avec des opticiens. Ceux-là ne font pas mystère de l’origine de leurs verres. Les enseignes proposent en ligne leurs verres sous marque d’enseigne tandis que Easy-verres.com s’approvisionne auprès d’un petit fabricant français (Claire Vision) et de Sola (filiale de Carl Zeiss), ce dernier étant également fournisseur d’Evioo.com. Surtout, prises de mesures, ajustage de la monture et services après-vente sont effectués en boutique. « Cela devrait être obligatoire pour les verres progressifs et les corrections dépassant -2 et +2 dioptries », plaident Fadi Farah et Jean Polier, d’Easy-verres.com. Revers de la médaille, des tarifs moins attractifs que ceux des sites fonctionnent essentiellement à distance.